Historique

L’école supérieure de pharmacie de Montpellier était une des trois écoles de pharmacie créées en 1803, les deux autres étant les écoles de Paris et Strasbourg. Parmi les premiers professeurs de pharmacie de Montpellier, on trouve Pierre Figuier(1759-1817) qui a mis au point un procédé pour la décoloration du vin par le noir animal en 1810.

Jean-Antoine Chaptal, (1756-1832) chimiste et homme politique a fait ses études de médecine à Montpellier, et à partir de 1780, il occupait la chaire de chimie à Montpellier. La thèse du docteur Chaptal traite des constituants chimiques du vin. Auteur en 1801 d’un livre sur «l’Art de faire, gouverner et perfectionner le vin», constructeur d’un appareil à distiller, son nom deviendra un éponyme :

«La chaptalisation», d’une très grande importance, est basée sur l’application de la formule de Lavoisier à la transformation du sucre en alcool. Chaptal avait développé sa doctrine sur la vinification dès 1799 lors de la rédaction de l’article « vin » du Dictionnaire d’agriculture de François Rizier.

Planchon

Parmi les personnalités les plus célèbres de l’école de pharmacie de Montpellier se rapportant à la viticulture on trouveJules Emile Planchon(1823-1888),botaniste, professeur et directeur. Alors que la viticulture française mourait inexorablement d’une maladie inconnue, Planchon, son beau frère l’entomologiste Lichtenstein et le vigneron Sahut avec la Chambre d’Agriculture ont pu identifier unpuçeronresponsable  de ce désastre que Planchon  nommaPhylloxera vasatrix. Les produits chimiques comme le sulfure de carbone ou le goudron de houille étudiés par le pharmacien Cauvy se sont montrés inefficaces, c’était encore Planchon qui a trouvé le remède du greffage des variétés de vignes françaises sur des racines de plants américains. La suite montrera que c’était la bonne solution. Il voyage en Amérique en 1873 et confirme ce que disait avant lui un entomologiste du nouveau monde : le phylloxéra existe en Amérique et il nous est venu de là. En 1874, c’est lui qui résume toutes les connaissances de l’époque relatives au phylloxéra dans un article de 23 pages publié dans la « Revue des deux Mondes ». Puis, la botanique reprend le dessus chez ce savant éclectique et il publie sur les vignes du Nouveau Monde et sur leur capacité à servir de porte-greffes.

Un autre agrégé de l’Ecole Supérieur de Pharmacie, estHenri Fonzes-Diacon(1868-1935), directeur, éminent chimiste, a étudié plus particulièrement des traitements comme la bouillie cuprique contre le mildiou, le soufre contre l’oïdium, l’arsenic (aujourd’hui interdit) pour l’altise et la pyrale, sans oublier les engrais. C’est à Fonzes-Diacon que l’on doit une règle œnologique -l’indice de tartre-  rapport entre la quantité d’acide tartrique et du potassium que Fonzes-Diacon a utilisé pour détecter le mouillage du vin.

Photo laboratoire 11 juin 1930

La liste des Professeurs qui œuvreront sur les fraudes et sur les maladies du vin est longue. Lorsque la chimie analytique figurait comme matière  enseignée dans les études, les pharmaciens se penchèrent sur l’analyse du vin. Les pharmaciens pouvaient alors faire les premières analyses du vin dans leur officine. C’est alors que le professeur de chimie analytique,Paul Jaulmes(1904 devenu par sa notoriété le directeur de l’Office International de la Vigne et du Vin (OIV) a proposé avec le professeur Nègre, directeur de l’Ecole Nationale Agriculture, la création en 1955 d’un nouveau diplôme, le Diplôme National d’œnologie (DNO).

Eminent toxicologue, le professeur Paul Jaulmes (1904-1994) en noir au milieu de la photo – crédit: Musée de la Faculté de Pharmacie de Montpellier) a dirigé la commission du Codex Œnologique. Ce maître incontesté a construit un appareil à distiller avec entraînement à la vapeur d’eau permettant l’obtention rapide des distillats pour l’analyse de l’acidité volatile et de l’alcool. Pour déterminer ce dernier, il a créé un pycnomètre avec un thermomètre intégré permettant de mesurer la masse volumique du distillat. Avec sa collaboratrice Suzanne Brun il a établi des tables de correction permettant de convertir la masse volumique en teneur en alcool à 0,01° près. Le Professeur Paul Jaulmes a initié l’élaboration du Codex Œnologique, présidait de nombreuses commissions de l’Office International de la Vigne et du Vin ; il a coordonné la mise en place de la législation vitivinicole.

Le Professeur Suzanne Brun qui a succédé au Professeur Paul Jaulmes en 1975, a perpétué son enseignement et a été un acteur clé au sein de l’OIV (Vice-Présidente et Présidente de la sous-commission des méthodes d’analyse). Professeur Honoraire à la Faculté de Pharmacie de Montpellier, et membre du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France (section Nutrition- Alimentation) elle a avancé la recherche sur les matériaux en contact avec les aliments et en particulier avec le vin. Elle a été a l’origine du Codex Œnologique avec le Professeur Jaulmes et du Recueil des méthodes internationales d’analyse des vins à l’OIV.

Le Professeur Jean-Claude Cabanis a été succédé au  professeur Brun en 1994. Membre la sous-commission « vin, nutrition et santé » au sein de l’OIV, il a continué les travaux sur les aspects sanitaires du vin, notamment en œuvrant sur les teneurs en métaux dans vins.

Le quatrième directeur du centre de formation et de la recherche en œnologie fut le  ProfesseurAlain Blaisequi prit le relais en 2001. Il a  été responsable de la mise en place de la reforme fondamentale du Diplôme National d’œnologie (DNO) en 2007. Il a développé plusieurs techniques analytiques et notamment la détermination du styrène dans les vins.

Le cinquième  et directeur actuel est le Professeur Cédric Saucier qui a pris des fonctions en Septembre 2013 après avoir étudié et travaillé comme enseignant et chercheur en Œnologie à Bordeaux, en Californie (UCDavis) et au Canada (UBC).

Remerciements : Nous tenons à remercier le Musée de la Pharmacie qui nous a aimablement fournis certains renseignements et illustrations.